Le constat de fragilité des petites villes et bourgs-centres est largement partagé dans les Vosges comme à l’échelle nationale. Les services de l’État et le Conseil départemental des Vosges se sont engagés, dès 2018, dans une politique partenariale pour accompagner la revitalisation des bourgs-centres pour lesquels la fonction de centralité doit être renforcée.
L’objectif est d’identifier toute piste d’attractivité, dans un objectif de sobriété, de résilience et d’inclusion sociale. Les thématiques de la vacance de l’habitat, du maintien du commerce et des services de proximité, de l’accès à la santé, à l’éducation, à la culture, ou encore du développement des mobilités douces sont au cœur des réflexions.
Le programme « Bourgs-centres, Petites Villes de Demain »
Comme beaucoup de bourgs-centres et petites villes, les communes de Charmes, La Vôge-les-Bains et Xertigny sont touchées par un phénomène de dévitalisation depuis quelques décennies : perte des pôles d’emplois locaux, exode rural et pertes démographiques, fermeture de commerces de proximité, abandon ou déshérence du patrimoine bâti ancien, problématiques de stationnements, déqualification des espaces publics, etc.
Soutenues par la Communauté d’Agglomération d’Épinal, ces trois communes s’engagent aujourd’hui dans le programme « Bourgs-centres, Petites Villes de Demain », afin de mettre en œuvre un projet de territoire explicitant une stratégie urbaine et économique de revitalisation.
De son côté, l’agglomération d’Épinal est associée aux Comités de Projets et Comités Techniques instaurés sur chaque commune et pilotés par les Maires. Elle anime un comité de pilotage « chapeau » qui veille à la cohérence et à la coordination des démarches engagées par les trois communes, en articulation avec le programme « Action Cœur de Ville » sur Épinal, en vue notamment d’accompagner l’évolution du dispositif en convention d’Opération de Revitalisation de Territoire (ORT).
L’agglomération s’engage également à mobiliser son ingénierie ainsi que des moyens financiers dédiés (co-financement des frais d’études à part égale avec la commune) afin d’accompagner les communes dans la définition de leur projet de territoire respectif, en cohérence avec les politiques intercommunales.
Reconquête du Bâti en Milieu Rural
La Communauté d’Agglomération d’Épinal s’est engagée depuis 5 ans, aux côtés de l’État, dans un dispositif de reconquête du bâti en milieu rural.
Plusieurs communes du territoire bénéficient de cet accompagnement, mené en lien étroit avec l’assistance à maîtrise d’ouvrage, comme à Brantigny, à Fontenoy-le-Château, à Moriville, à Ubexy et à Vaxoncourt.
À partir des projets de reconquête de ruines ou de résorption de bâtiments vacants, ces communes démonstratrices ont imaginé créer des logements, conforter des équipements ou encore aménager des espaces publics. Elles prouvent ainsi qu’il est possible de revitaliser des centralités, même en milieu rural.
Toutes ces initiatives participent à définir une nouvelle forme de cohésion et de solidarité territoriale, en adéquation avec le Programme Local de l’Habitat et les principaux enjeux du projet de territoire de l’agglomération. Comme le Schéma de Cohérence Territorial, le pacte territorial de relance et de transition écologique récemment engagé avec l’État, ses agences, la Région et le Département.
À l’échelle des 78 communes de l’agglomération :
- 12 communes sont fortement accompagnées dans leur reconquête du bâti en milieu rural, sur les 52 potentiellement éligibles (population inférieure à 1 000 habitants)
Cette démarche de reconquête du bâti a rapidement trouvé écho dans le territoire :
- Dès 2019, les communes de Fontenoy-le-Château, Ubexy et Vaxoncourt ont déposé leur candidature.
- En 2020, Moriville a fait appel aux services de l’agglomération pour une assistance à l’acquisition et à la démolition d’un front de rue de 7 anciennes fermes vacantes.
- En 2021, la commune de Brantigny intègre à son tour la démarche.
Comment fonctionne la démarche de la reconquête du bâti ?
Plusieurs problématiques peuvent être prises en considération au départ :
- Bâti dégradé
- Immeuble menaçant, ruine
- Bâti vacant
- « Verrues » paysagères
Une commune peut bénéficier de la démarche, si certains critères sont respectés comme :
- La pierre d’achoppement qui doit être une problématique de bâti vacant et/ou dégradé
- Le bâti doit être situé dans l’enveloppe urbaine
- La commune compte moins de 1 000 habitants
- La commune s’est engagée dans une démarche de mise en compatibilité des documents d’urbanisme avec les documents supra-communaux (SCoT, PLH…)
Pourquoi impliquer les habitants ?
- Pour qu’ils partagent leurs envies, expriment leurs besoins et donnent leur avis, car ils seront les premiers à profiter de ces nouveaux aménagements.
- Avec la reconquête du bâti en milieu rural, la vie citoyenne est au cœur de la réflexion. Les centres bourgs redeviennent ainsi un lieu de vie.
- Pour donner du sens à habiter en milieu rural et dépasser l’image des cités dortoirs en amenant de la culture, des aires de jeu, des lieux de rencontres, de la vie associative, du sport, des promenades, de la mobilité douce… tout en préservant le patrimoine.
L’accompagnement de l’agglomération a pour objectif d’épauler les communes pour qu’elles établissent un projet au-delà de la simple rénovation ou démolition d’un bâti ancien.
Des difficultés pour financer ces nouveaux logements
Dans la reconquête du bâti ancien, l’une des difficultés pour les communes est le mode de financement et de gestion des logements locatifs. Le coût élevé d’une opération de réhabilitation inciterait à le répercuter sur le prix du logement, ce qui nuirait alors à l’attractivité des logements.
Malgré ces difficultés, certaines communes se sont lancées dans l’aventure :
- À Ubexy, toute la centralité du village a été revisitée : depuis la réhabilitation du foyer rural jusqu’au dessin des nouvelles circulations et des nouveaux usages. La dernière étape est celle des logements qui a débuté en avril 2024 et devrait prendre fin début 2025. Le projet est, dans une ancienne ferme mitoyenne à présent déconstruite, d’aménager 3 logements « séniors » : 1 T4 de 86 m², 1 T2 de 56 m² et 1 T3 de 81 m². 2 appartements seront accessibles pour les personnes à mobilité réduite.
- À Brantigny, 2 fermes mitoyennes très dégradées menaçaient l’espace public. À la suite de leur démolition, l’espace ainsi vacant a permis d’installer un boulodrome, des agrès de jeux, un espace pique-nique et de recréer un espace végétal. Les travaux de sécurisation de l’espace public et de la place de convivialité se sont terminés à l’été 2022. La commune a poursuivi sa réflexion en modifiant la circulation sur cette zone afin de mieux la sécuriser.
- À Chamagne, l’ancien presbytère va être réaménagé en logements pour séniors avec une salle de convivialité. Les travaux sont en cours depuis septembre 2024 et devraient s’achever fin 2025.
- Au Clerjus, l’ancienne école a été réaménagée pour créer une médiathèque, un espace d’exposition, un espace petite enfance et 2 logements. De plus, à la place d’une bâtisse en ruine, un préau avec une placette comme point de départ des randonnées prendront place. Les travaux ont permis de sécuriser la voie publique. En parallèle, la commune a fait le choix de créer une chaufferie biomasse avec un petit réseau de chaleur pour alimenter les bâtiments communaux. Les travaux ont démarré à l’automne 2023 et devraient se terminer fin 2025.